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Зірка Вітошинська
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Réponse d’un philosophe français aux trans-humanistes sur une « humanité élargie »

A l’idéologie des techno-prophètes annonçant l’avènement de l’homme-machine pour 2030, le philosophe français Jean-Michel Besnier[i] oppose ses réflexions sur cette « fusion » promise de l’homme et de la machine, cette « humanité élargie », capable d’inclure animaux, hommes androїdes, machines humanoїdes, cyborgs et autres robots.

 

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Jean-Michel Besnier, "L'homme simplifié"
Jean-Michel Besnier, "L'homme simplifié"

Trans-humanisme (ou post-humanisme)

Ce que nous promettent les trans-humanistes, c’est une transition de l’humanité vers autre chose, car, selon eux, l’humanité a fait son temps. Dès lors, l’humain n’est-il pas en train de disparaître dans ses dimensions biologique et psychique du fait des technologies (biotechnologies, nanotechnologies, intelligence artificielle, robotique) qui entreprennent de réinventer l’homme, ou même de lui trouver un substitut, défiant ainsi les Lois de la Nature ? Réagissant automatiquement à des impulsions, l’homme n’est-il pas en train de s’élémentariser, et de devenir un homme « simplifié »[iі], pour lequel le bonheur est une espèce d’insensibilité tant à l’avenir qu’au passé ?

Les nanotechnologies, par exemple, ces techniques d’intervention qui agissent à l’échelle du milliardième de mètre, sont parmi nous : dans les crèmes de beauté, dans les pneus…

La nano-médecine a le projet de réaliser des dispositifs invasifs qui règleraient la question de la maladie. On touche donc aux atomes de la matière que l’on peut déplacer et reconfigurer. Ces dispositifs autonomes, libérés dans la nature, ont notamment cette vertu de se dupliquer à l’infini. Ils finissent par avaler l’azote de l’atmosphère et rendre l’humanité complètement invivable.

Le fait de devoir vivre au rythme accéléré des méga-systèmes (messageries électroniques, réseaux sociaux…) provoque un sentiment de déclassement si l’on ne peut pas vivre dans le rythme effréné de cette réalité.

Le stress ainsi engendré permet de justifier le « toujours plus de machines », car les machines sont des anxiolytiques (censés apaiser l’addiction -  nous le voyons avec les jeux vidéo).

Ces technologies prétendent nous débarrasser du temps, « écraser la finitude humaine ». La métaphysique issue de Descartes, pour lequel la science et la technique doivent nous rendre maîtres et possesseurs de la Nature, vise aussi à en finir avec le temps.

L’Université américaine de la Singularité (prônant une sorte de nouvelle espèce), dédiée à Ray Kurzweil, nous promet de nous débarrasser tout bonnement de notre humanité, et de nous rendre aussi « parfaits » que les machines. Après tout, l’homme n’a cessé de se transformer, nous dit-on…

Selon la conception des trans-humanistes (ou post-humanistes), le monde est imparfait. Dieu n’est pas parvenu à réaliser intégralement ce qu’il devait réaliser, c’est donc la science qui doit le permettre.

Pour ces gens-là, les avancées technologiques nous permettent d’accéder à une sorte d’immortalité numérique, de « réalisation » de l’humanité, autrement dit, à la « fin de l’humanité ». Car hommes et femmes ont produit le pire (génocides, armes nucléaires, biologiques…). Maintenant ils ne veulent plus faire naître les êtres humains, mais les fabriquer (notamment par la biologie de synthèse). Ce qui, déjà, est déroger à la définition de l’humanité.

D’ailleurs, la technique révèle, plus aujourd’hui que jamais, qu’elle est volonté de domination. On innove pour innover, on crée pour créer, et on s’attend à ce que le marché sélectionne des produits et les retienne.

Comment se défaire de ce « progrès » ?

Fustigeant cette « immortalité utopiste »-là, imposée par les trans- (ou post-) humanistes, et censée « augmenter l’homme », Jean-Michel Besnier encourage à :

- quitter cette conception trans-humaniste qui exclut « la vision spirituelle de l’être humain»,

- développer la dimension spirituelle, la conscience, l’intériorité humaine (alors que la technologie est quelque chose d’extérieur), approfondir la philosophie réflexive permettant de discerner les valeurs,

- revendiquer la complexité humaine, et l’obligation morale, signe de notre liberté,

- trouver une espèce d’axiologie, un système de valeurs de substitution pour s’intégrer dans le monde technoscientifique qui est le nôtre.

Українською мовою: Відповідь французького філософа транс-гуманістам стосовно "розширеного людства"


Pour aller plus loin :

Religion postindustrielle de la connaissance

Règles de l'automatisation et intelligence artificielle 

Zirka Witochynska

 

[i] Philosophe français né à Caen (France) en 1950, spécialiste des technologies de l’information et de la communication, Jean-Michel Besnier est professeur à la Sorbonne et à l’Institut d’études politiques de Paris. Il collabore à la revue « Hermès », ainsi qu’au magazine « Sciences et Avenir ». Il est aussi membre du Comité d’Ethique du CNRS (Centre national de la recherche scientifique) et de l’INRA (Institut national de la recherche agronomique). Jean-Michel Besnier est également l’auteur d’une douzaine de livres, dont « Histoire de la philosophie moderne et contemporaine », « L’homme simplifié », « Demain les posthumains ».  

 

[іi] Syndrome inventé par Jean-Michel Besnier pour son livre « Le syndrome de la touche étoile » qui caractérise l’injonction d’un serveur vocal nous disant « appuyez sur la touche étoile » à chaque fois que l’on communique avec un service public ou privé. C’est le problème du langage qui est ici posé, et notre assujettissement aux machines et à leurs signaux.

 

Наші інтереси: 

Jean-Michel Besnier dénonce notamment la perte, par l’homme, de sa spiritualité, d’où sa servitude à la science. D’autres solutions concrètes et un système de valeurs cohérent pour développer esprit, liberté et création – sont proposés en français …      

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